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05 septembre 2019

Pascal Berteaud : "On ne conçoit pas une ville pour l'éternité"

"La ville doit être résiliente, mais capable de s'adapter", défend le directeur général du Cerema, qui participe aux 4e Entretiens du Cadre de Ville sur le thème "s'adapter au changement", mardi 15 octobre à la CCI Paris Ile-de-France.

Pascal Berteaud, directeur général du Cerema - voir sa biographie

Pascal Berteaud

Propos recueillis par Rémi Cambau le 29 août

Le comité scientifique des Entretiens du Cadre de Ville a choisi cette année "S'adapter au changement" comme thème de la 4e édition. Cela vous semble-t-il la question prioritaire ?
Effectivement, le fil directeur du sujet de l'aménagement dans les années qui viennent, c'est un besoin criant d'adaptation, qui commence à être appréhendé. Lors de la canicule de 2003, j'étais directeur de l'eau. Un grand journal critiquait politiquement le gouvernement qui disait qu'il fallait s'attendre au retour de tels événements, en même temps que ses pages sciences donnaient la parole aux scientifiques qui donnaient l'alerte. Cette dichotomie s'estompe. Le discours sur le climat va changer. Dire qu'il faut s'adapter était inaudible, c'est un sujet qui commence à pouvoir être discuté.

Derrière cette question de l'adaptation, les sujets sont majeurs : les écarts de température, un sujet monstrueux, l'énergie, un sujet lié et très fort, la fourniture en quantité et en qualité de l'eau, et la qualité de l'air...
On est progressivement en train d'appréhender que les conditions climatiques seront plus difficiles, même si on évite +2 degrés, et si on décarbone.

Cela renvoie à des questions de conception. Concevoir des écoquartiers neufs, développer des ÉcoCités, apporter de la nature pour contrecarrer la chaleur, c'est plus facile que transformer la ville existante. D'autant que les enjeux ne concernent pas que les infrastructures, le "hard" : la ville a aussi des façons de fonctionner qui relèvent purement du soft et du fonctionnement.

Les aménageurs se focalisent sur l'évolution de l'espace public, en apportant de l'eau ou du végétal. Mais si la clé c'est le fonctionnement de la ville, alors le moteur tient au comportement des usagers. Il faut aller beaucoup plus loin et inverser la méthode qui consiste à partir des bâtiments, l'espace public étant le vide qui résulte de la construction des pleins.
A l'inverse, il faut partir de l'espace public et de ses usages : qui vient ? pour quoi faire ? quelles mobilités, quelles pratiques commerciales, quels services publics ?
C'est presque concevoir la ville par les usages, et aller ensuite sur le hard. Et le faire sur la ville existante.
Cette adaptation concerne toutes les formes de la vie sociale et économique. Le nombre de révolutions depuis 20 ans est incroyable. Le télétravail, par exemple, permet d'éviter les déplacements en période de canicule. Les changements touchent tous les secteurs. Les modes de vie ont changé et la ville doit s'adapter.

On ne conçoit pas une ville pour l'éternité. Elle doit être résiliente, mais capable de s'adapter.

Comment le Cerema s'adapte-t-il pour tenir compte de cette nouvelle donne ?
Le Cerema développe des compétences pointues en rapport avec ces enjeux, et notamment un focus sur les questions de foncier. On a besoin d'un système plus réactif et plus micro que ce qu'on a aujourd'hui. Il faut notamment plus de connaissances de ce qui se passe. Sur la mobilité, c'est fondamental.

Derrière, il faut la capacité d'intégration de compétences croisées pointues pour construire un système global - comme dans les contrats de compétences écologiques, en balayant les champs de compétences, pour trouver des solutions disruptives.
Tout le monde tourne autour de ça. Passer d'une logique ponctuelle à une logique plus intégrée, qui traite l'ensemble des thématiques.
Le Cerema se positionne sur l'observation et la mise en place de centres de ressources - il y en aura bientôt un avec l'Ademe sur l'adaptation au changement climatique.

Si je résume notre nouvelle stratégie, validée avant l'été, nous allons proposer un trio recherche, observation, expérimentation, une capacité de diffusion, le tout associé à un niveau d'accompagnement sur le terrain - mais sans faire à la place de... Un des points essentiels est de rester sur l'expertise. Pour que le Cerema intervienne efficacement, il faut déjà un peu d'ingénierie locale. Ce n'est pas notre vocation de remplacer l'ingénierie, qu'elle émane des SEM ou des BET privés. Nous restons sur du conseil amont.

Qu'attendez-vous de cette 4e édition des Entretiens du Cadre de Ville qui va rassembler plusieurs centaines d'acteurs publics et privés ?
Pas mal de projets intéressants sont remontés [36 sur 12 thématiques, NDLR]. L'initiative est là, l'innovation, l'inventivité dans les méthodes, dans les programmes. Nous vivons une période dynamique.
Aujourd'hui, la plupart des collectivités se sont saisies des enjeux et remontent des projets de qualité. Ce sont souvent les mêmes, et il faut élargir le cercle. Les Entretiens peuvent servir à cette diffusion.

36 PROJETS DE LA VILLE ADAPTATIVE, 12 THEMATIQUES, PLUS DE 50 INTERVENANTS