A l'usage unique de
Il s'est engagé à ne pas augmenter les impôts, mais estime cependant que les collectivités doivent maintenir un haut niveau d'investissement : 100 millions par an devraient être inscrits en juin aux PPI de la ville et de la métropole. Olivier Bianchi estime notamment que les collectivités pourraient trouver des ressources dans la commercialisation de certaines données dont elles sont propriétaires - il y a une limite pour lui à l'open data. Il compte bien obtenir de l'Etat des financements pour améliorer la desserte ferroviaire de sa métropole - un des points cruciaux pour ce centre urbain toujours scotché à quatre heures de Paris. Un nouveau centre d'agglomération doit émerger sur les anciens terrains Michelin. "Nous avons 250 ha de friches industrielles mutables sur 20 ans à reconvertir", dit le maire réélu, président de la Métropole Clermont Auvergne.
Olivier Bianchi a consacré une heure et demie de son temps, mercredi matin 19 mai, à un coup de projecteur sur la place de Clermont-Ferrand comme locomotive du Grand Massif Central, de Limoges à Saint-Etienne, Invité de la matinale du Club Ville de Demain, auquel Cadre de Ville est associé, le maire reconduit en 2020 à la tête d'une majorité rose, rouge et verte, et président de la Métropole de Clermont-Ferrand, a brossé le portrait d'une agglomération de 21 communes qui s'affirme sans trop se soucier du redécoupage des régions françaises. "Clermont est la locomotive. Nous sommes la capitale du Massif Central. La Métropole prend sa place aux côtés de Grenoble, Saint-Etienne, Lyon et Limoges". Pour le président de la métropole, "Clermont-Ferrand doit polariser, fédérer et structurer le développement. Cela ne nous empêche pas d'être l'ouest de la région Aura - mais ouvert sur l'atlantique. Nous ne faisons pas que produire des fromages et des présidents de la République."
Il faut dire que le Sraddet de la nouvelle région Aura - Auvergne Rhône-Alpes - très orienté sur les relations de la région avec chaque commune, très communaliste, s'intéresse assez peu aux vocations des différents territoires qui la composent, et aussi peu à des stratégies multipolaires qui verraient coopérer des niveaux différents de collectivités. Pourtant c'est exactement ce que fait Clermont-Ferrand, qui a créé un pôle métropolitain et mis en place des conventions de réciprocité avec Vichy, avec Saint-Flour, avec le parc du Livradois-Forez. "Les partenariats doivent être forts", affirme Olivier Bianchi. "Public-privé, public-public, Etat collectivités locales, ais collectivités locales entre elles."
Un statut maintenu de capitale
Il faut travailler à une alliance des territoires, revendique Olivier Bianchi, où Clermont assume son rôle de capitale malgré tout. La perte de statut de capitale régionale n'a pas tant atteint Clermont. Les entreprises continuent d'y maintenir des équipes de direction. Une situation de fait incontournable maintient Clermont-Ferrand dans sa position. Une position de leader territorial, mais dans un espriet partenarial.
Pour le maire de Clermont, "il faut inventer un modèle d'interaction dans la gouvernance. Il n'y a pas d'un côté les urbains et de l'autre les ruraux. Il y a toute une gamme de l'urbain dense au rural, en passant par l'urbain résidentiel, et le rurbain. Tout ça cohabite dans les mêmes bassins. Les habitants n'ont pas les frontières des collectivités dans l'esprit, travaillent dans l'une, habitent dans l'autre, vont faire leurs courses dans une troisième. Nous devons donc créer des liens de solidarité. Une étude de l'agence d'urbanisme a mis en évidence les liens économiques entre le centre urbain et les périphéries. Ainsi, 1 470 euros de richesse créée dans les 21 villes de la métropole sont dépensés chaque année par chaque habitant sur le grand territoire hors des 21 communes de la métropole. Il se produit une interconnectivité spontanée entre les territoires. Nous devons donc inventer des coopérations souples, dans lesquelles Clermont a un leadership naturel, mais qui doit être bienveillant et solidaire." En quelque sorte, "il faut accrocher les wagons à la locomotive", résume ce fils de cheminot.
Clermont-Ferrand multiplie ses projets de développement en s'appuyant sur une dynamique économique endogène forte, s'adresse à l'Etat, et veut "justifier un regard bienveillant pour une question-clé de l'aménageur du territoire national qu'est l'Etat : le financement de la ligne de train rapide Paris Orléans Clermont-Ferrand Lyon".
Un grand projet urbain sur les friches Michelin
Les projets d'avenir à Clermont tourneront autour de la reconquête des friches industrielles. "Nous disposons d'un potentiel de 250 ha de friches mutables dans les 20 prochaines années", annonce le maire, pour qui l'enjeu est central "alors qu'on parle de refaire la ville sur la ville". Pour le maire, la requalification des secteurs industriels délaissés par l'évolution de Michelin. "C'est un formidable champ du possible."
L'entreprise cotée au CAC 40, si elle en effet supprimé 15 000 emplois industriels voici plus de dix ans, maintient ici son centre mondial de recherche et innovation. Il reste encore 10 000 emplois à Clermont, et c'est encore beaucoup, même si cela représente une division par trois depuis quarante ans. De fait, ce repositionnement sur l'amont et la valeur ajoutée des bureaux d'études a libéré de grands espaces, et des cathédrales métalliques dont la reconversion est possible. Pour Olivier Bianchi, c'est ici que doit se construire le futur centre de la métropole. "Nous avons beaucoup investi dans le renouvellement urbain des quartiers de logement social", dit-il lors de son intervention au micro du Tour des Villes moyennes 2021, avant d'affirmer : "Je veux investir sur le centre de l'agglomération." Le plan pluri-annuel qui va être voté en juin 2021, prévoit d'investir 100 millions d'euros par an, 25 à la ville et 75 à la métropole.
"En matière d'urbanisme notre ville a eu longtemps un retard en matière d'orientations stratégiques fortes", redit Olivier Bianchi, qui compte cadrer le développement urbain par le Plan local d'urbanisme intercommunal en cours de rédaction. Celui qui s'est engagé à ne pas augmenter les impôts pendant son mandat affirme cependant "il est nécessaire que les collectivités maintiennent n fort niveau d'investissement".
Réouverture de la rivière Tiretaine
Notamment, la mutation large du secteur Michelin à Cataroux concentre les attentions. Une étude a été confiée à l'agence d'urbanistes et architectes ANMA, pour un grand secteur de projet qui jouxte le stade historique, lieu des exploits de l'équipe de l'ASM de rugby à XV - outre une équipe qualifiée pour les phases finales en top 14, Clermont voit son équipe de football monter en Ligue 1 l'an prochain. L'étude, lancée par l'entreprise Michelin sur ses fonciers, intéresse la puissance publique.
Le projet pourrait voir la réouverture de la rivière Tiretaine aujourd'hui canalisée sous les anciens bâtiments industriels et les anciennes pistes d'essai de Michelin. L'un des halls industriels devrait être transformé par le promoteur Quartus, "l'Ilo 23" - un projet qui tarde à se concrétiser - une des hypothèses envisageait l'installation du siège d'Enedis. C’est un chantier privé que la ville regarde de très près. D’abord, parce qu’à terme, la réhabilitation de Cataroux produira des espaces publics. Notamment l'ancienne rue qui traverse le site, privatisée, pourrait rejoindre le domaine public.
Du logement sur les friches
Le logement, pour le maire, trouvera sa place à Cataroux. "Le logement social est peut-être moins concentré dans certains quartiers à Clermont qu'ailleurs dit Olivier Bianchi, On le doit sans doute à Roger Quilliot, et les maires des communes acceptent de travailler à un rééquilibrage à l'échelle des 21 communes - il y a un consensus. Mais nous manquons encore de logements, et de logements sociaux en particulier. Le logement social s'inscrit pour les habitants dans une trajectoire de vie, dans un parcours résidentiel. On peut en bénéficier en début de carrière, en début de vie adulte, puis devenir propriétaire plus tard.
Un des projets du mandat, déjà connu, car annoncé pendant la campagne, ce seront deux lignes de bus électriques - "nous avons réfléchi à l'hydrogène" glisse le maire - : les lignes B et C (ce ne sera donc pas un tram), reliant Durtol à Cournon d’un côté et Aulnat à Royat de l’autre. La fin du chantier est prévue pour la fin du mandat, pour un coût compris entre 250 et 300 millions d’euros.
Rémi Cambau
Revoir la matinale autour d'Olivier Bianchi
Après Biarritz, Bourges et Clermont-Ferrand, le Tour des Villes va s'arrêter à Roubaix et à Cannes en mai et juin, puis à Nevers en juillet.
Le CEPS et son club Ville de Demain, présidé par Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine ont pris l’initiative de créer le Tour des Villes, en coopération avec le Fonds Indarra et en association avec Cadre de Ville. Le projet a pour vocation de permettre à des maires de villes moyennes d’exprimer leur point de vue, leurs attentes et leurs priorités afin de réfléchir aux solutions d’avenir des territoires français. Dans cette optique, le CEPS organise, chaque mois pendant un an, une session débat auprès d’un maire.
En fin de cycle sera rédigé, suite à ces rencontres, un rapport final qui prendra la forme d’une plateforme de propositions d’attractivité urbaine (les atouts à développer), et de recommandations territoriales (les moyens à mettre en œuvre).
Fondé en 1985, le Centre d’Etude et de Prospective Stratégique est une Organisation internationale non-gouvernementale (OING) qui représente 1000 décideurs de 50 nationalités différentes et qui est à l’intersection de multiples domaines stratégiques. Officiellement reconnu par le Conseil de l’Europe, la Commission Européenne, l’OCDE, l’UNESCO et l’OIF, le CEPS dispose de représensations à Abidjan, Alger, Berlin, Beyrouth, Bruxelles, La Haye, Londres, Rome, Washington