A l'usage unique de
Gilles Bouvelot interviendra en fin d'après-midi lors des Entretiens du Cadre de Ville du 17 octobre sur les révolutions - et les nouveaux paradigmes -auxquels sont confrontés les professionnels de l'urbain. Le directeur général de l'Epfif, membre du réseau national des EPF d'Etat, livrera son analyse sur le thème de la journée : le nouveau cahier des charges de l'aménagement de nos cadres de vie, qui n'est plus toujours confié aux aménageurs. La question foncière revient dans toutes les bouches, que l'on parle de la mobilisation des terrains publics, de taxation par le PLF 2024 des plus-values latentes, du financement de la nature en ville. Le renforcement des établissements publics fonciers également. Quel est le regard de l'un des meilleurs spécialistes de la question, porteur notamment de l'idée de "charge foncière verte" additionnelle aux droits à construire ? Un an après les interpellations lancées par Franck Boutté aux acteurs du secteur sur les diverses dimensions des enjeux climatiques, ce sera en quelque sorte un retour en miroir proposé par l'action de terrain.
L'intervention de Gilles Bouvelot rebondira notamment sur les tendances mises en avant par les 36 projets de transformation urbaine qui seront présentés le 17 octobre.. On verra en effet comment les acteurs de terrain répondent à des enjeux croisés : trouver la place de l'air et de l'eau, limiter le foncier bâti en réutilisant, végétaliser et rafraîchir, réduire les émissions et accélérer l'adaptation, pour vivre et se déplacer en ville - une ville désormais étendue, où les nouveaux modes de vie interrogent notamment les solutions de mobilité.
Les Entretiens accueilleront pour la première fois la participation de la Banque des Territoires, dont l'action en appui de l'aménagement et de ses outils monte en puissance. Au moment où le cadre d'action foncière et la production du logement est réformé, les prochains Entretiens du Cadre de Ville montreront que les acteurs de l'aménagement ont déjà pris le virage de "nouvelles pratiques pour de nouveaux territoires".
Le nouveau cahier des charges de la Ville
Les Entretiens du Cadre de Ville 2023, organisés le 17 octobre 2023, encore cette année à la CCI Paris Île-de-France, s'ouvriront sur une table-ronde qui posera toutes ces questions, vues par cinq acteurs de l'aménagement. Le ministère de la Transition écologique viendra préciser l'avancement des réformes en cours, avec les deux grands sujets de la trajectoire ZAN et du logement, et confrontera son approche à celle de l'Ademe, dont les programmes connaissent un quadruplement des budgets mobilisés, mais aussi à la vision de proximité des collectivités territoriales : le vice-président de la région Île-de-France chargé du développement durable et du nouveau schéma directeur environnemental, viendra dire comment les élus peuvent faire atterrir l'ensemble des attentes et des obligations portées par l'enjeu climatique, et dans quelles limites aussi s'inscrit leur action.
Le propos des pouvoirs publics sera confronté au regard des professionnels : la présidente du Conseil national de l'Ordre des Architectes, ainsi qu'un représentant de la Fédération des promoteurs immobiliers.
L'un des focus des Entretiens proposera trois exemples tournés vers la recherche des nouveaux usages et les fonciers invisibles, pour anticiper la ville. Le foncier et le logement sont au cœur du programme de cette édition des Entretiens. En même temps que la prise en compte opérationnelle du ZAN, le modèle de production de logement en France est en train d'être réécrit. Le marché va s'ajuster. Les contraintes nouvelles qui bousculent les promoteurs et les bailleurs les conduisent à s'adapter, cependant que les pouvoirs publics changent les règles et réforment des piliers historiques comme la défiscalisation, le PTZ, les zonages ou le Fnap.
Sur le thème "Climat et résilience : nouvelles pratiques de l'aménagement pour nouveaux territoires !", la 8è édition des Entretiens du Cadre de Ville se penchera sur les nouveaux métiers, le nouveau rôle des acteurs, les nouveaux modèles économiques avec en tout premier lieu l'obligation de passer d'un urbanisme de papier glacé et d'une vision parcellaire à une réflexion dynamique et systémique de gestion de la complexité. Une complexité qui inclue les nouvelles donnes foncières, de l'habitat au sens large, et de l'environnement humain. Face à l'urgence climatique et sociale, quel nouveau cahier des charges de la ville ?
La thématique générale qui propose "de nouvelles pratiques de l'aménagement pour de nouveaux territoires" est déclinée en trois sous-thématiques : quel nouvel équilibre des opérations d’aménagement ? Nouveaux modes de vivre, nouveaux usages : comment les prendre en compte ? Et enfin, une salle sera dédiée toute la journée aux cas travaillant une ville qui soit à la fois adaptable et à impact réduit pour le climat.
Nouveaux métiers, nouveau fonctionnement
Trois projets incarneront comment apparaissent les nouveaux métiers des aménageurs, les nouvelles compétences mobilisées, les outils, les partenaires. Notamment, comment le jeu d'acteur évolue-t-il ? Quelle est aujourd'hui la place des investisseurs ? Et d'ailleurs la ville est-elle un investissement comme un autre ? Trois autres projets illustreront ces interrogations.
L'acte d'aménager s'applique désormais à de nouveaux paradigmes : les projets visent en majorité désormais à optimiser les secteurs déjà urbanisés et à favoriser le renouvellement urbain. De fait, 80% de la ville de 2050 existe déjà. Les trajectoires bas carbone, de sobriété, d'adaptation au changement climatique, consistent donc pour beaucoup à travailler l'existant. C'est bien sûr plus complexe et plus coûteux. Les modèles économiques seront différents, à transposer. Le Focus n°10 des Entretiens présentera trois cas pour construire avec la ville déjà là : urbanisme circulaire, reconversion, changement d’usages… Et, pour parler d'usages, comment arbitrer face à la concurrence qu'ils se livrent, dès que l'on veut combiner adaptation, atténuation et mixité fonctionnelle. Trois cas seront présentés qui travaillent la question.
Les datas mobilisées pour la connaissance et l'anticipation
La sobriété foncière passe par un travail plus fin sur les programmes des opérations dans la ville existante, dans une approche qui prenne en compte les nouveaux modes de vivre. La densité urbaine ne doit pas être rendue acceptable, elle doit être co-construite avec les habitants. Et déboucher sur des projets respectant le droit à la ville et le droit à la nature pour tous.
Il faut également anticiper, diront les porteurs de projets qui mettent les datas et la modélisation au service de la connaissance du foncier, de la projection des îlots de chaleur ( et que devient de ce point de vue la technique du jumeau numérique ? Un cas mulhousien sera présenté.
Des approches nouvelles doivent être portées à la connaissance des professionnels et mises en avant, a estimé le comité scientifique des Entretiens du Cadre de Ville. Ainsi, comment avancer aujourd'hui sans prendre en compte l'évaluation extra-financière des projets urbains, en prenant en compte notamment le coût de l'inaction. Les acteurs tâtonnent autour de cette notion. Les Entretiens apporteront un point sur la question. Dans le même esprit, une autre keynote s'interrogera sur la marche vers un nouveau modèle de valorisation foncière des projets urbains "à mission".
L'eau considérée comme une des infrastructures de la ville
Autre entrée : anticiper l'avenir suppose de se tourner vers d'autres disciplines. Les acteurs de l'aménagement ne sont pas seulement de bons connaisseurs des pratiques opérationnelles au service de la vision des élus. Ils sont désormais attendus comme des conseils, des spécialistes d'abord capable d'éclairer la décision politique et de fournir les moyens aux élus.
Une des keynotes des Entretiens traitera des sciences cognitives au service de l'aménagement.
Bien sûr, comment ne pas présenter des cas concrets de la recherche d'une ville respirable, de la valorisation de l'eau dans les projets, comme un des nouveaux fondamentaux des projets d'aménagement. Un des cas propose de considérer les nappes phréatiques comme une infrastructure urbaine. De ce point de vue de la recherche d'une ville adaptable et à impact réduit, la combinaison des mobilités décarbonées est au coeur des enjeux de l'aménagement. C'était l'un des points forts de la restitution de la feuille de route de décarbonation de l'acte d'aménager, présentée par Anne Fraisse devant Christophe Béchu le 24 mai, et dont l'atterrissage sera présenté lors des Entretiens par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires. En lien avec l'élaboration d'une stratégie énergie climat et de la future nouvelle stratégie bas carbone.
Rendez-vous le 17 octobre 2023 à la Chambre de Commerce Paris Île-de-France avenue de Friedland, dans ses trois salles, ses espaces de networking et notamment son jardin.
Rémi Cambau