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06 septembre 2020

Pascal Berteaud : "Ce qui manque encore, c'est une analyse à 360 degrés" pour traiter tous les aspects d'une ville résiliente

Le directeur général du Cerema, partenaire des Entretiens du Cadre de Ville qui se tiendront dans un mois, explique comment ce centre technique, devenu partenaire de l'Agence nationale de la cohésion des territoires, articule son intervention locale avec les besoins détectés par l'Agence, pour aider les collectivités, grandes et petites, à concevoir leurs projets. Le Cerema pourrait encore muter, pour devenir "une SPL spécifique", qui développe une offre combinant celle d'un établissement public national, avec celle d'un établissement relevant des collectivités.

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8 Octobre 2020 : La 5è édition des Entretiens du Cadre de Ville - Le programme
Une édition spéciale, en bi-media et en continu !!!
AU PROGRAMME : La ville en bonne santé, foncier agile, ville désartificialisée, friches de demain, agriculture urbaine productive, rez-de-villes, nouvelles mobilités, logement abordable, ville évolutive, ville adaptative, quartiers bas carbone, biodiversité en ville, ville capacitante pour tous, ...
Les Entretiens du Cadre de Ville sont chaque année le lieu de rencontre de plus de 600 décideurs de la production de la ville et des territoires de demain.

>> Télécharger le programme en version pdf

Les Entretiens du Cadre de Ville  auront lieu le 8 Octobre 2020 à la CCI Paris Ile de France - 27 avenue de Friedland 75 008 Paris - en présentiel et en distanciel mais aussi toute l'année sur cadredeville.com.

Au programme : 12 focus-ateliers sur les grands enjeux de la production de la ville avec 36 projets urbians détectés et sélectionnés par le comité scientifique, 4 key-notes qui nous projetteront dans l'après demain de la ville, une table ronde introduite par le ministère de la Transition écologique sur la déclinaison des mesures du plan de relance notamment dans les projets de loi "convention citoyenne", 3D, dans la loi de Finances.

les Entretiens seront bi-media: vous pourrez assister à toutes ces interventions en présentiel ou en distanciel via le site cadredeville.com, mais aussi en continu avec replay en vidéo de tous les focus, key-notes et table ronde de l'édition 2020 et accès aux présentations et actes des 5 éditions

>> Pour découvrir le programme de chaque focus, il suffit de cliquer sur le titre de la conférence et découvrir les projets urbains présentés et leurs intervenants.

> Consulter la page interactive du programme

Le thème général des Entretiens du Cadre de Ville, qui auront lieu le 8 octobre, est "Et maintenant, des villes sobres, agiles, résilientes". Comment on passe à l'acte ? Comment on tient l'objectif ? 
On n'a pas le choix, on fonce dans le mur et ça va venir vite. Si on n'est pas capable de s'adapter, nous allons entrer dans une spirale infernale : si les comportements s'aggravent, les situations s'aggraveront aussi. Dans les 5 prochaines années, nous devons faire un vrai effort pour déployer un nouveau mode de développement, sinon cela va nous sauter à la figure.

On est en train de changer les référentiels. Je vous donne l'exemple des mobilités. Il ne suffit pas simplement de dire qu'on déploie en urgence des pistes cyclables. Il faut aussi se pencher sur la politique pour s'équiper et surtout sur les circulations dans les villes. Dans les villes dans lesquelles les transports en commun sont peu performants, comment faire pour réussir à implanter de nouveaux usages ? Comment les habitants se réapproprient-ils le centre-ville, la mobilité ? Ce qui est intéressant est que lorsqu'on commence à tirer un fil, on est en mesure de tout changer : l'enjeu du trajet domicile-travail notamment, vecteur majeur en termes de déplacement, s'il se transforme avec le mix numérique/présentiel, devient moins criant. Et du point de vue immobilier, si vous avez des gens qui télétravaillent la moitié du temps, cela a des conséquences urbaines énormes, avec le déploiement d'espaces de coworking. Mais lesquels ? Où ? Là encore, il ne faut pas oublier les plus petites villes pour lesquelles les difficultés pourront être plus grandes, faute de transports en commun et de solutions de mobilité efficientes - dans les maisons individuelles, l'électrique peut prendre une part importante.

Qu'est-ce qui manque encore pour concrétiser les choses ?
Il est notable avec ces élections municipales, nonobstant la faible participation électorale, que pour la première fois, les sujets d'écologie au sens large ont été placés au cœur de la campagne. C'est ce qui manquait jusqu'à présent.

Ce qui manque encore, c'est une analyse à 360 degrés. Les villes avancent sur des sujets, l'énergie, la mobilité, l'alimentation, mais fait encore défaut une réflexion structurée pour traiter ensemble tous les sujets - c'est complexe, j'en conviens. C'est ce que nous essayons de faire avec les contrats de transition écologique [démarche à laquelle le Cerema est associé depuis 2018]. Il faut là encore que les villes petites et moyennes aussi soient accompagnées. On en prend le chemin avec des dispositifs comme Action Cœur de ville et Petites villes de demain.

On a beaucoup détruit l'ingénierie publique ces dernières années - et d'ailleurs, ce qui existait préalablement n'était pas forcément écolo - mais dans les mois qui viennent, la France aura les moyens d'aider une collectivité qui souhaite évoluer sur les questions de transition écologique, et ce n'est pas négligeable. Le Cerema y participera, notamment à travers l'Agence nationale de la cohésion des territoires.

Comment le Cerema projette-t-il son travail avec l'ANCT ?
Dès le départ, nous étions très partants sur ce nouveau partenariat. Nous sommes un organisme d'Etat et avions déjà entamé un virage pour proposer notre savoir-faire aux collectivités. L'ANCT représente à ce titre un très bon vecteur pour nous. Le process de fonctionnement que nous avons trouvé, c'est que lorsque l'ANCT souhaite que l'on aide une collectivité, elle est adressée au Cerema : les 3 à 5 premiers jours d'accompagnement sont gratuits pour la collectivité et s'il faut aller plus loin, la collectivité contribue ensuite à 50% des frais en moyenne.

Nous espérons que d'ici trois ans nous pourrons accompagner 500 opérations par an pour ce qui est des jours gratuits. Nous jouerons donc en quelque sorte le rôle que jouait l'Atesat (Assistance technique pour raisons de solidarité et d'aménagement du territoire) quand les collectivités s'appuyaient sur leur DDE avant. Nous rôdons le dispositif, et en 2020, nous aurons probablement une cinquantaine d'opérations pour lesquelles nous serons partenaires. Nous espérons un effet d'entraînement derrière. Nous travaillons déjà par exemple, dans le cadre de l'ANCT, au projet de téléphérique porté par Saint-Etienne. Mais nous visons aussi l'accompagnement de toutes petites villes, dans le cadre notamment du futur programme Petites villes de demain.

Quand cette assistance a été supprimée, le marché des bureaux d'étude n'a pas augmenté, y compris parce que les collectivités sans moyens d'ingénierie ne savent pas forcément faire le cahier des charges préalable. Pour y remédier, nous avons noué [en novembre dernier] un partenariat ingénierie publique et privée avec Syntec Ingénierie, pour répondre ensemble aux défis des transitions numérique et écologique qui attendent les collectivités. Au cours des trois prochaines années, les experts du Cerema et les 400 entreprises membres de Syntec Ingénierie s’engagent à développer des collaborations [6 premières thématiques d’intérêt partagé ont été identifiées et devraient aboutir à l'élaboration commune de guides : les infrastructures de transport, la mobilité, le bâtiment, l’environnement ou encore l'eau].

Comment le Cerema est-il armé pour répondre de manière efficiente aux enjeux montants pour les collectivités ?
Le Cerema est engagé dans une double évolution. Sur les sujets que nous traitons, nous avons fait un grand ménage pour ne garder que des thèmes et des secteurs d'activités où il y a un enjeu majeur et pour lequel le Cerema a une expertise nationale de référence. Nous sommes ainsi passer de 66 pôles de compétences à une vingtaine de secteurs d'activités. Notre grand projet de transformation [a été validé] le 16 juillet par notre conseil d'administration, après 18 mois de réflexion. Nous lançons également une réflexion sur l'avenir, Cerem'avenir [la perspective d'une nouvelle restructuration qui a conduit à de fortes mobilisations des agents fin 2019 et début 2020, alors que les réductions d'effectifs entamées en 2016 sont prévues à ce stade jusqu'en 2022]. Nous nous recentrons sur notre cœur de métier : tout ce qui est R&D, innovation, diffusion de la connaissance, et ensuite application de l'expertise en question. Nous avons six domaines d'activités, 2 500 salariés répartis sur l'ensemble du territoire. Tout ce savoir-faire vise à faire de l'ingénierie territoriale. L'enjeu est de travailler de plus en plus au profit des collectivités.

Nous réfléchissons même à faire du Cerema une SPL spécifique permettant d'avoir un outil in house, de demeurer un établissement public national tout en devenant aussi un établissement relevant des collectivités. Il faudra inventer cet outil et le projet de loi 3D pourrait nous en donner l'occasion. Cela nous permettrait de contribuer à boucler le dernier maillon de la décentralisation.

Qu'attendez-vous des Entretiens du Cadre de Ville ?
Ce qui est essentiel, c'est le partage d'expériences entre villes, entre professionnels. On est en train d'inventer un tas de choses et il est important d'avoir des lieux de capitalisation et d'échanges de savoir-faire. Quand quelqu'un a une bonne idée, il est important que tout le monde lui pique ! C'est ce qu'on appelle en agriculture le "développement par-dessus la haie". L'observation de ce que font les autres permet une diffusion rapide des bonnes pratiques. Le meilleur défenseur d'une solution sera le maire d'une commune dont les caractéristiques sont identiques à celles d'un autre maire, par exemple. Ce dernier voit que c'est possible et pourra se lancer. On commence tard, le changement climatique est enclenché. Il faut que les modes de faire aient été transformés en deux mandats municipaux, il n'y a pas de temps à perdre.

Propos recueillis par Lucie Romano le 7 juillet dernier